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C’est en 2008, à Oxford, à la suite du concert ‘Philip Bate’, que j’ai composé pour mon collègue duettiste, Simon Standage, le Concerto pour violon. L’allegro initial, fier et festif est l’ouverture d’une cérémonie royale. L’adagio, lui, évoque le sommeil, dans lequel le motif d’ostinato joué par les violons à l’unisson représente le corps au repos, alors que le solo lyrique, lui, évoque l’esprit en éveil. Un finale en forme de gigue conclut ce concerto dans un élan simple et généreux.


Le Concerto pour violoncelle, écrit en 2005, touche un univers plus sombre puisqu’il se réfère à la ‘Battle of Britain’, à propos de laquelle Winston Churchill prononça en août 1940: “Jamais, dans l’histoire de l’humanité et de ses guerres, tant de gens ont dû autant à si peu d’hommes.” Dans les mouvements rapides, j’utilise le cadre propre à certains concertos de Vivaldi, dans lequel le violoncelle alterne constamment entre son rôle indé- pendant de soliste concertant et celui de la basse continue. L’adagio central est excep- tionnellement précédé par une pièce en imitation de recitativo accompagnato. Comme dans plusieurs exemples d’époque, le violoncelle dans l’adagio n’est accompagné ici que par les violons (jouant pizzicato à l’unisson). Chacune des deux parties de l’adagio est reprise ensuite dans une version ornementée. Dans le finale, le violoncelle et l’ensemble à cordes dialoguent et complètent mutuellement leurs gestes musicaux. Après un important solo, le finale tempétueux conclut avec le matériel du premier ritornello qui lui, va ensuite s’éteindre tout doucement.away.


C’est sur la Côte d’Azur, en 2001, que j’ai écrit le Concerto pour flûte-à-bec. Dans les mouvements rapides, le ritornello initial et son da capo semblent n’encadrer qu’un solo continu (comme parmi les préludes des suites anglaises de J.S. Bach). Le motif d’ouverture du premier mouvement rappel- le le caractère retenu de certains inter- mèdes instrumentaux que l’on retrouve dans la cantate d’église allemande. L’an- dante pastoral, avec ses harmonies à évolu- tions lentes, marie la mélodie à une texture riche et vibrante, caractéristique propre- ment vénitienne. Le début du finale avec ses syncopes, suspensions et groupements métriques irréguliers, évoque le trait de caractère qu’est la vivacité d’esprit. Et c’est ainsi, qu’après plusieurs passages virtuoses, la flûte-à-bec dans sa cadence finale, va se hisser avec brio jusqu’au sol extreme de son registre le plus aigu.


  

Mes 5 Baroque Concertos for Anna sont le fruit des tendres et soutenues requêtes d’ Anna, ma muse et mon épouse bien-aimée. Au cours des dix-sept dernières années, j’écris quatre-vingt-dix œuvres dans les styles historiques, dont les cinq concertos de cet enregistrement, qui, eux, ont été mis en premiere par The Baroque Muse / Baroque SaMuse à Brighton, en Angleterre, en 2009. Historiquement le concerto, né en Italie à la fin du XVIIème siècle, fut rapidement imité dans toute l’Europe, conservant toutefois sa saveur italienne d’origine. Mes cinq concertos épousent ces mêmes languages musicaux du baroque et, dans la plupart des mouvements, j’applique le principe familier du ritornello ‘vivaldien’. Cependant, le concerto pour flûte et le concerto pour violoncelle reflètent aussi des caractéristiques plus tardives, utilisant d’une part, les traits du style galant, avec son idéal de texture transparente, et d’autre part, les effets dramatiques typiques soutenus par les rythmes nerveux de l’Empfindsamkeit allemand (litt. sensibilité).


J’ai d’abord écrit mon Concerto pour clavecin comme pièce pour clavecin seul, que j’enregistra en 1997 sur cd. Dans sa forme actuelle, le concerto fut mis en première et enregistré par la Société Radio-Canada au festival Indian River en 1999. L’ouverture avec son ascension rapide sur deux octaves, évoque les manœuvres des marins qui hissent les voiles dans quelque port méditerranéen. Le siciliano chantant tel des ‘miracles chuchottés’ est, lui, dédié, à Suora Modesta, amie d’Anna. Pour le finale, j’utilise le principe du cantus firmus que l’on trouve dans le choral fantaisie allemand; l’hymne, composed by Hastings Parry (1848-1918) sur le poem de William Blake (1757-1827) qu’on y retrouve dissimulé, fut d’abord adopté par la Royal Air Force, et devint l’hymne officieux du pays en 1940.


Le Concerto pour flûte, achevé au Nouvel-An 2009, s’approche le plus du monde de la musique de chambre, ne comportant ni alto ni contre-basse. Sa texture ‘intimiste’ lui donne un caractère français distinctif. L’ouverture du premier mouvement expose une palette de senti- ments contrastés, suivi du motif initial de la flûte qui évoque l’entrée de l’acteur en scène, mais n’y venant prononcer toutefois qu’une seule parole. Dans le deuxième mouvement, l’entrée du soliste tire à nouveau son idée de la scène, cette fois avec un accord brisé descendant symbol- isant l’apparition d’un messager céleste. Après plusieurs répétitions, le même motif clôturera l’andantino. Le finale avec ses rythmes vifs, est un hommage à Telemann.

"L’écriture de Hendrik Bouman est élégant... à la fois ravissante et de bon goût, avec une joie de vivre et bravura, étincelante d’énergie et d’élégance, et de dialogue. Son traitement des cordes est exemplaire. Pas de compromis pour Bouman quand il s’agit de son choix de ses interprètes; le disque scintille d’une performance instrumentale des plus hauts niveaux."                                                                                The Harpsichord & Fortepiano, UK. Printemps 2012Harpsichord_%26_Fortepiano_CD.htmlshapeimage_1_link_0

Notes du Compositeur sur le CD 5 Baroque Concertos for Anna

Hendrik BOUMAN - Compositeur / Soliste / Direction


Ensemble Baroque SaMuse

Hajo Bäss

alto

Alison Bury

violon

Andrew Kerr

violone

Olivier Brault

violon

Concerto pour flûte à bec en Do majeur, mvt.II Andante - composé par © Hendrik Bouman 2005

Soliste: Heiko ter Schegget   -  CD 5 Baroque Concertos for Anna  DASH 2010