"Hendrik Bouman à Charlottetown donnait récemment un récital de clavecin au Carrefour de l’Isle-Saint-Jean. Dans un décor intime et un éclairage discret, chandelier à l’appui, Hendrik Bouman a su divertir et aussi, un peu, éduquer, son public sur la musique de clavecin, ce qui n’était pas pour déplaire aux nombreux amateurs de musique réunis pour l’entendre.
La Voix acadienne a rencontré Hendrik Bouman quelques heures avant son récital de clavecin.
«Pour moi, jouer du clavecin, c’est une passion», résume M. Bouman. Jeune étudiant en piano dans son pays natal des Pays-Bas, il a un jour écouté en concert la Passion selon Saint-Mathieu, et il a tout de suite été attiré par cet instrument qu’il découvrait, par sa sonorité distinctive, claire, aiguë, cristalline. Il ne faut pas dire «métallique» en parlant du son du clavecin, «cela peut être péjoratif», dit M. Bouman.
Cette passion a conduit le musicien à se spécialiser dans le jeu de cet instrument, à apprendre comment le fabriquer et aussi, à composer des œuvres pour clavecin, dans le style baroque comme à l’époque du grand Jean Sébastien Bach. Et c’est en grande partie ses propres œuvres qu’il a offertes en récital le samedi 18 janvier au Carrefour.
M. Bouman explique que bien que l’époque baroque ait pris fin, dit-on avec la mort de Bach, le style baroque est toujours bien vivant. «C’est comme un langa ge, une langue que je continue d’utiliser. J’ai appris cette langue et pour moi, elle est bien vivante.»
Le fait de composer pour clavecin dans le style baroque est très rare. M. Bouman serait en fait un des premiers professionnels qui fait cela. À Pâques 2003, il donnait un récital pour Radio France, à Paris.
Hendrik compose pour le clavecin mais aussi pour d’autres instruments, comme le violoncelle, pour l’alto, pour un quatuor à cordes. Il compose surtout en style baroque mais il signe aussi une symphonie dans le style classique. Il a à son actif jusqu' à date près de 50 œuvres.
M. Bouman explique que maintenant, le monde de la musique classique ou baroque est affaire de grands concerts et d’enregistrement. Les orchestres apprennent une œuvre, la jouent à quelques reprises, en font un enregistrement, et passent à autre chose. Mais à l’époque de Jean Sébastien Bach, être musicien, c’était faire sa musique, jouer avec ses copains, dans des décors intimes. Le son n’était pas amplifié par des haut-parleurs, donc, il n’était pas question de jouer pour des milliers de personnes comme on le fait aujourd’hui. On peut donc imaginer que pour faire connaître une œuvre, il fallait la jouer relativement souvent.
Instrument méconnu, le clavecin a précédé l’invention du piano de plusieurs centaines d’années. On pourrait dire que le clavecin est l’ancêtre du piano mais ce ne serait pas